Depuis le confinement instauré en 2020, les avancées technologiques ont permis de transposer de nombreux services de santé vers le numérique. Parmi ces évolutions, l’interruption volontaire de grossesse (IVG) par téléconsultation s’est révélée comme une solution innovante, cependant, elle demeure largement méconnue du grand public.
Statistiques Récentes sur l’IVG en France
La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) a publié une étude révélant que 251 270 interruptions volontaires de grossesse (IVG) ont été pratiquées en France en 2024, soit une augmentation de 7 000 interventions par rapport à l’année précédente. Toutefois, malgré cette hausse, l’utilisation de la téléconsultation pour l’IVG reste marginale.
En 2022, seulement 972 patientes ont eu recours à l’IVG par téléconsultation, représentant un faible taux de 0,4% des interventions totales. La téléconsultation était censée pallier les défis d’accès à l’IVG, particulièrement dans les zones médicalement désertiques, mais son adoption est encore loin d’être généralisée.
Processus de l’IVG Médicamenteuse à Distance
En France, l’IVG est autorisée jusqu’à la quatorzième semaine de grossesse. Deux types de méthodes existent : l’instrumentale, réalisée en milieu hospitalier, et la médicamenteuse, qui peut être effectuée à domicile. La téléconsultation permet de mener à bien l’ensemble des étapes nécessaires à l’IVG médicamenteuse depuis chez soi, sous la supervision d’un professionnel de santé tel un médecin ou une sage-femme.
Le déroulement inclut initialement un entretien informatif où le professionnel remet à la patiente un dossier-guide détaillant le processus, accompagné de l’attestation de consultation de demande d’IVG. Les sages-femmes, habilitées à administrer l’IVG médicamenteuse, peuvent opérer par téléconsultation à condition d’avoir signé une convention avec une structure d’urgence. Cette précaution garantit une prise en charge sécurisée, chaque patiente devant pouvoir accéder à une structure sous convention dans un délai d’une heure en cas d’urgence.
Étapes Clés du Parcours
La téléconsultation s’applique aussi à la consultation psychosociale, obligatoire pour les mineures et optionnelle pour les majeures. La collecte du consentement ainsi que la délivrance des ordonnances sont également réalisables à distance. Toutefois, la signature écrite du consentement reste un aspect délicat du processus à distance.
Une fois le consentement confirmé, le praticien envoie les ordonnances à une pharmacie désignée, où la patiente peut récupérer les médicaments. L’IVG peut être réalisée au domicile, avec la possibilité pour la patiente de consommer les médicaments sous supervision à distance si nécessaire. La téléconsultation permet aussi de faire le suivi post-intervention, garantissant ainsi une continuité des soins.
Obstacles et Limites de la Téléconsultation
Plusieurs barrières freinent l’adhésion à la téléconsultation pour l’IVG. Outre la nécessité d’un équipement informatique adéquat, la complexité de gérer les documents administratifs et médicaux à distance pose problème. La sensation de perte de lien humain est également un facteur dissuasif pour certaines patientes, d’autant plus que la dématérialisation peut engendrer anxiété et isolement.
De plus, la prescription d’antalgiques, comme les opioïdes souvent nécessaires après l’IVG, s’est heurtée à des limitations techniques. Depuis mars, les prescriptions numériques de ces médicaments posent des défis logistiques aux sages-femmes, dont les outils numériques ne supportent pas encore l’émission d’ordonnances dématérialisées.
Conclusion : Un Avenir à Construire
Malgré ses nombreuses potentialités, l’IVG par téléconsultation reste sous-utilisée en France. Pour combler cet écart, une meilleure diffusion des informations, une simplification des procédures administratives et l’amélioration des outils technologiques sont essentielles. Ces mesures permettraient de rendre cette option plus accessible, tout en assurant la sécurité et le bien-être des patientes.