Les discussions autour du budget 2026 ont mis sur le devant de la scène une proposition controversée : la suppression de l’abattement fiscal de 10 % pour les retraités. Cette mesure, défendue par certains courants gouvernementaux, vise à réduire le déficit public et à rééquilibrer les finances de l’État. En effet, l’abattement fiscal, instauré à la fin des années 1970, permet aux retraités de bénéficier d’une déduction automatique de 10 % sur leurs pensions lors de la déclaration de leurs revenus. Toutefois, cette proposition de suppression est loin de faire l’unanimité.

Un abattement fiscal sous tension

L’abattement fiscal de 10 % accordé aux retraités trouve son origine dans une volonté de tenir compte de la situation particulière des personnes âgées, dont les revenus sont en théorie plus stables et échappent aux aléas de sous-déclaration. En 2024, cet abattement représentait une dépense fiscale pour l’État de près de 4,8 milliards d’euros, incluant également les pensions alimentaires et d’invalidité. C’est dans ce contexte budgétaire serré que le gouvernement envisage de supprimer cet avantage, dans l’espoir de récupérer des fonds significatifs.

Les arguments pour la suppression

Les partisans de cette suppression avancent l’argument d’équité. Ils estiment que toutes les catégories de revenus doivent être mises à contribution pour participer à l’effort de redressement des finances publiques. Ainsi, selon Gilbert Cette, président du Conseil d’orientation des retraites, et d’autres économistes, cet abattement est non seulement coûteux, mais aussi inadapté à la réalité des besoins actuels de l’État. Ils préconisent donc sa suppression afin de dégager environ 5 milliards d’euros par an.

Philippe Martin, président du Medef, a également ouvertement soutenu l’idée d’une remise en cause de cet abattement, qu’il considère incohérent par rapport aux efforts demandés aux autres catégories de contribuables, notamment les actifs.

Les opposants font front

En face, une opposition tenace s’organise. Les syndicats, dont l’UNSA Retraités, défendent vigoureusement le maintien de cet abattement. Ils argumentent que la déduction n’a rien de similaire avec l’abattement pour frais professionnels accordé aux actifs, et qu’elle est essentielle pour la survie économique de nombreux retraités. Selon leurs calculs, supprimez cet abattement, et c’est toute une tranche de retraités qui verra sa situation financière fragilisée, certains devenant même imposables pour la première fois de leur vie.

Des figures politiques, tout comme certains économistes, s’inquiètent des répercussions sociales d’une telle réforme. La suppression de cet abattement pourrait conduire à une réévaluation du revenu fiscal de référence pour beaucoup, entraînant potentiellement la perte de droits sociaux ou fiscaux importants.

Conséquences potentielles pour les retraités

Si l’abattement fiscal est abrogé, les retraités seront inévitablement confrontés à une augmentation de leurs charges fiscales. Selon l’UNSA Retraités, cette réforme toucherait près de 8,4 millions de retraités, affectant ainsi une personne sur deux dans cette tranche de la population. Par exemple, un retraité qui perçoit une pension mensuelle de 1 542 euros pourrait voir sa charge fiscale augmenter de manière significative, passant de zéro à 272 euros par an.

De plus, une hausse du revenu fiscal de référence (RFR) pourrait entraîner la perte d’avantages connexes comme la réduction de la CSG ou l’accès à certaines aides sociales. Cette perspective est l’une des principales inquiétudes soulevées par les opposants à la réforme, qui préviennent également d’un accroissement de la précarité parmi les retraités aux revenus modestes.

Les retraités entre incertitudes et défis

Face à ces enjeux, les retraités se trouvent dans une situation d’incertitude profonde. Tandis que certains plaident pour une réforme de l’ensemble du système fiscal afin de s’adapter aux défis économiques contemporains, d’autres s’appuient sur le maintien de ces dispositifs compensateurs pour garantir un minimum de sécurité financière et d’équité.

Il est clair que la remise en question de l’abattement fiscal pour les retraités dépasse le simple débat économique. Elle touche au cœur même des politiques sociales, questionnant l’équilibre entre solidarité intergénérationnelle et impératifs budgétaires. Le gouvernement, pressé par le besoin d’économie, devra naviguer avec finesse entre ces exigences pour éviter d’amplifier la fracture sociale.

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