Dans un effort pour réduire le nombre de rendez-vous médicaux non honorés, l’Assemblée nationale discute actuellement d’une mesure introduite dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2025. Cette mesure, souvent appelée « taxe lapin », vise à imposer une sanction financière aux patients qui ne se présentent pas à leurs consultations sans prévenir à l’avance.
Origine et justification de la « taxe lapin »
Proposée initialement par l’ex-Premier ministre Gabriel Attal, la « taxe lapin » a été réintroduite par le Sénat lors de l’évaluation du budget de la sécurité sociale. Selon la ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles de France, Catherine Vautrin, cette mesure est conçue pour responsabiliser les patients concernant leurs rendez-vous médicaux. « Chaque rendez-vous manqué est une occasion perdue pour un autre patient », a-t-elle souligné, déplorant les perturbations économiques et d’accès aux soins causées par ce phénomène.
Une problématique coûteuse
Des études menées, notamment par l’Union régionale des professionnels de santé d’Île-de-France, estiment qu’environ 27 millions de rendez-vous médicaux sont manqués chaque année en France. Bien que ce chiffre soit issu d’une extrapolation, il est reconnu par l’Ordre des médecins comme un problème majeur désorganisant les cabinets médicaux et limitant l’accès aux soins.
Ainsi, ces « lapins » ne sont pas seulement un manque de courtoisie; ils entraînent des répercussions significatives sur le système de santé. L’Académie nationale de médecine et le Conseil national de l’Ordre des médecins se montrent préoccupés par cette tendance, soulignant qu’elle désorganise le fonctionnement quotidien des médecins et contribue à l’encombrement des services d’urgence.
Modalités de mise en œuvre
Bien que la « taxe lapin » soit discutée, ses modalités exactes restent à définir par décret. L’idée proposée par Gabriel Attal suggérait une amende de 5 euros pour tout rendez-vous manqué sans annulation préalable de 24 heures. Cette pénalité serait directement reversée au médecin concerné. Toutefois, la mise en place de ce dispositif pourrait reposer sur l’utilisation de cartes bancaires prises lors de la réservation du rendez-vous, laissant aux médecins le choix de l’appliquer ou non.
Réactions partagées
Les avis sur cette taxe sont partagés. Certains professionnels, comme Sophie Bauer du Syndicat des médecins libéraux, considèrent cette mesure nécessaire face à la nonchalance apparente de certains patients. « On nous traite comme un rayon de supermarché », dit-elle, insistant sur la nécessité du civisme surtout dans un contexte où les rappels de rendez-vous sont couramment envoyés par SMS.
A contrario, Luc Duquesnel de la Confédération des Syndicats médicaux français suggère d’autres approches avant d’adopter une mesure financière. Il propose que les plateformes de rendez-vous exigent une confirmation avant d’annuler les consultations non confirmées automatiquement. Patricia Lefébure de la Fédération des médecins de France met en doute la faisabilité pratique, évoquant le nombre souvent inconnu de patients concernés et les complications potentielles de l’application universelle de cette taxe.
Un pas vers une meilleure gestion ?
En attendant l’application potentielle de ce dispositif, certains professionnels prônent des mesures éducatives et préventives. « Les technologies actuelles offrent suffisamment d’outils pour réduire ce problème », estime un praticien.
Quoi qu’il en soit, l’idée de responsabiliser davantage les patients trouve un écho favorable parmi ceux qui sont quotidiennement confrontés à l’impact des rendez-vous manqués. Cette « taxe lapin », bien qu’encore conceptuelle, semble s’orienter vers une gestion des ressources de santé plus efficiente sur le long terme.