Dans un monde où ChatGPT et d’autres intelligence artificielle (IA) jouent un rôle de plus en plus central, la question de l’efficacité énergétique de ces technologies se pose avec acuité. Il semblerait que même les gestes les plus bénins, comme l’utilisation de formules de politesse, pourraient avoir un impact énergétique significatif.
Le coût caché de la politesse numérique
Sam Altman, le directeur d’OpenAI, a récemment souligné l’impact économique insoupçonné de la simple politesse lorsque l’on interagit avec des IA comme ChatGPT. Les mots « s’il vous plaît » et « merci » ne sont pas seulement des expressions de courtoisie ; ils nécessitent également des ressources supplémentaires pour être traités, traduisant ainsi une charge énergétique et économique additionnelle, qui s’élèverait à des dizaines de millions de dollars par an.
Cette révélation a suscité des débats sur X et au-delà. Un utilisateur s’est amusé à deviner combien d’argent est gaspillé en énergie pour traiter ces mots polis. Sam Altman a répondu que malgré les dépenses, cet usage de la politesse restait « de l’argent bien dépensé ».
Ecologie et intelligence artificielle : un duo complexe
Le débat ne se limite pas à l’économie – il est crucial d’en comprendre aussi l’impact écologique. L’utilisation croissante des datacenters pour alimenter ces technologies génère un besoin énergétique énorme. À titre d’exemple, une simple requête de 100 mots sur GPT-4 équivaut à allumer 14 ampoules LED pendant une heure. Et la tendance tend à s’accentuer avec une augmentation anticipée de 75 % de la consommation d’énergie des datacenters d’ici 2026.
Outre l’électricité, l’eau est également sollicitée pour refroidir ces infrastructures. Les chercheurs estiment qu’une simple interaction avec un chatbot consomme l’équivalent d’une petite bouteille d’eau, soit 519 millilitres. Échelonnée sur une base hebdomadaire pour 16 millions d’Américains pendant un an, la consommation totale équivaut à celle des ménages d’un État entier sur plusieurs jours.
Réagir face à l’urgence écologique
L’empreinte carbone est également une source de préoccupation majeure. Selon Google, l’intensification de l’usage de l’IA a contribué à une augmentation de 48 % de son empreinte carbone annuelle. Ces chiffres poussent certains experts à prôner une utilisation plus « frugale » de l’IA.
L’IA frugale repose sur une utilisation efficace des ressources et une consommation énergétique réduite, caractéristique essentielle pour respecter les limites planétaires. Il s’agit non seulement de minimiser le gaspillage énergétique, mais aussi de repenser nos comportements et l’usage même de ces technologies pour limiter l’impact sur l’environnement.
La frugalité, clé d’un avenir technologique durable
Denis Trystram et Thierry Ménissier de l’Université de Grenoble plaident pour une réflexion en profondeur sur l’utilisation de l’IA. Selon eux, cela devrait inclure des analyses de cycle de vie complètes et rigoureuses des services et produits proposés par l’IA. Certains usages pourraient même être abandonnés si leurs impacts environnementaux sont trop lourds.
En conclusion, l’essor des IA telles que ChatGPT exige une réflexion sur leur coût non seulement économique mais aussi écologique. La simplicité d’un geste aussi anodin que dire « merci » devrait être réévaluée à la lumière de ses implications énergétiques. Peut-être devrions-nous nous interroger non seulement sur la nécessité de chaque interaction, mais surtout, sur notre rapport global à ces nouvelles technologies.
Adopter une frugalité technologique pourrait bien être la clé pour concilier innovation et durabilité environnementale.