Le coliving, une tendance immobilière en plein essor, suscite de vives critiques de la part de certains responsables politiques, dont Ian Brossat, sénateur communiste de Paris. Il a récemment exprimé son opposition à ce modèle de logement dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, où il n’hésite pas à le qualifier de « nouveau fléau immobilier ». Selon lui, le coliving, qui voit plusieurs locataires partager des espaces communs tout en ayant des chambres privatives, accélère la gentrification dans des zones déjà sous tension comme Paris.

Un modèle sous le feu des critiques

Le concept de coliving a émergé il y a une dizaine d’années en France, et s’est principalement développé en Île-de-France, attirant étudiants et jeunes actifs grâce à une offre de logement plus flexible. En 2023, près de 14 500 lits étaient répertoriés dans l’Hexagone, répartis entre une soixantaine d’exploitants. Malgré sa popularité auprès des jeunes générations, Ian Brossat pointe du doigt les loyers élevés, imputables à un système qui semble privilégier les investisseurs au détriment des habitants modestes.

En effet, ces derniers se voient progressivement évincés de leur quartier par la montée des prix du logement, ciblant souvent des étudiants internationaux prêts à payer des sommes importantes pour de petites surfaces. Cette situation résulte, selon Brossat, de l’absence d’une régulation stricte et d’une rentabilité accrue pour les spéculateurs.

Un appel à une régulation législative

Face à cette dérive, le sénateur propose de déposer une proposition de loi visant à mieux encadrer le coliving. L’objectif est de combler le « vide juridique » actuel qui permet à ce type de logement de contourner l’encadrement classique des loyers. Sans encadrement spécifique, les risques de dérives, allant de loyers abusifs à une baisse des standards de confort et d’équipements, sont importants.

Selon une étude de l’Institut Paris Région, l’intensification de l’usage des surfaces locatives par le modèle de coliving aboutit souvent à des loyers plus élevés que dans des colocations traditionnelles. Cette situation est accentuée par la possibilité pour les exploitants de réduire les espaces privatifs au bénéfice d’aires communes, tout en augmentant la rentabilité grâce à la vente de services additionnels.

Les enjeux endémiques du coliving

Alors que le coliving est souvent présenté comme une solution innovante aux problèmes de logement urbain, ses effets pervers ne peuvent être ignorés. Plusieurs acteurs du logement mettent en garde contre un modèle qui, malgré ses promesses de partage et de valeurs collaboratives, peut devenir un terreau fertile pour le développement des marchands de sommeil

Cette crainte est d’autant plus justifiée dans les grandes villes, où la pression immobilière est forte et où les résidents permanents sont souvent poussés hors des centres urbains. La question de l’évasion aux règles d’encadrement des loyers est particulièrement préoccupante, les baux saisonniers et les résidences services étant quelque peu en dehors du champ législatif actuel.

Une politique cohérente pour répondre à la crise immobilière

Pour Ian Brossat et d’autres partisans d’une régulation plus accrue, il est essentiel que le législateur s’adapte aux nouvelles réalités du marché immobilier. Il ne s’agit pas seulement de protéger les classes moyennes et populaires contre l’expulsion forcée de leurs logements mais aussi de veiller à ce que le cadre réglementaire s’applique de manière uniforme et pertinente sur tout le territoire national.

Les discussions à venir au Sénat promettent d’être déterminantes pour tracer une ligne de conduite claire vis-à-vis du coliving. L’accent devra être mis sur la création de standards de décence et de confort adaptés à ces formes d’habitat partagé, afin d’assurer la protection des locataires tout en freinant la spéculation excessive.

Dans l’attente de ces réformes, l’urgence d’un débat autour du coliving s’impose alors même que la crise du logement continue de précariser de nombreux Français. Une législation innovante et bien pensée pourrait non seulement encadrer le coliving, mais aussi contribuer à remanier plus largement la politique du logement en France, orientant celle-ci vers des pratiques plus durables et équitables.

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