Le Premier ministre Sébastien Lecornu a récemment présenté sa déclaration de politique générale à l’Assemblée nationale. Ce discours faisait suite à la présentation en Conseil des ministres des projets de loi de finances et de financement de la Sécurité sociale pour 2026. Sous la pression des diverses oppositions, notamment du Parti socialiste, Lecornu cherche à renforcer sa position à la tête du gouvernement en esquissant les contours de son action future.

Suspension de la réforme des retraites

L’une des mesures les plus marquantes annoncées est la suspension de la mise en œuvre de la réforme des retraites de 2023, qui avait pour but de repousser progressivement l’âge légal de départ à 64 ans. Cette suspension devrait rester en vigueur jusqu’à l’élection présidentielle de 2027. Aucun relèvement de l’âge n’interviendra jusqu’en janvier 2028, ce qui répond aux demandes de la CFDT, a déclaré le Premier ministre. Cette période de suspension s’accompagnera d’autres mesures économiques afin de compenser les effets potentiels sur les finances publiques.

Lecornu insiste sur le fait que cette suspension n’est pas une fin en soi. Il considère ce geste comme une réponse politique stratégique pour apaiser les tensions tout en maintenant la crédibilité financière du pays aux yeux des investisseurs internationaux. Selon lui, il est primordial de trouver un équilibre entre apaisement social et responsabilité budgétaire.

Organisation d’une conférence nationale

Voyant dans cette suspension une opportunité, Sébastien Lecornu a annoncé la tenue prochaine d’une grande conférence nationale dédiée aux retraites et au travail. Prévue pour débuter au printemps, cette conférence ambitionne de réunir l’ensemble des partenaires sociaux afin de parvenir à un consensus sur les futures réformes nécessaires. Le Premier ministre promet que, si un accord est trouvé, il sera intégré dans la législation. Dans le cas contraire, il appartiendra aux candidats à l’élection présidentielle de présenter leurs propres solutions aux électeurs.

Amélioration des retraites des femmes

Afin de répondre aux disparités persistantes, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale inclut des mesures destinées à améliorer le montant des retraites perçues par les femmes. Ces ajustements visent à réduire les inégalités de pension dues aux parcours professionnels souvent interrompus ou à temps partiel, typiques des carrières féminines.

Négociations pour de meilleures promotions

Afin de stimuler la mobilité professionnelle, le ministre du Travail, Jean-Pierre Farandou, est chargé d’ouvrir des négociations sectorielles cet automne. L’objectif est de créer des parcours professionnels clairs permettant une promotion des employés des échelons inférieurs vers des postes d’agents de maîtrise et de cadres.

Fiscalité : contributions exceptionnelles et taxation des holdings

Dans le cadre de ses mesures fiscales, le gouvernement propose une contribution exceptionnelle des grandes fortunes pour financer les investissements d’avenir, notamment dans les infrastructures, la défense et la transition écologique. Cette nouvelle taxe s’ajoutera à une taxation ciblée des holdings patrimoniales, visant à combattre l’optimisation fiscale excessive. Toutefois, Sébastien Lecornu a souligné que les actifs professionnels ne devraient pas être affectés par ces taxes, afin de ne pas entraver la croissance économique.

Sébastien Lecornu a réaffirmé son engagement à ne pas recourir à l’article 49 alinéa 3 de la Constitution, préférant encourager un débat parlementaire ouvert où chaque proposition pourra être discutée et votée. « La loi se fera ici, pas à Bercy », a-t-il souligné, affirmant ainsi son désir de restituer au parlement son rôle central dans les débats fiscaux.

Mesures de gel des retraites et prestations sociales

Concernant les mesures de gel, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale prévoit le gel des pensions de retraite de base et de nombreuses prestations sociales dès le 1er janvier prochain. De plus, les pensions versées par la Sécurité sociale devraient être sous-indexées par rapport à l’inflation en 2027 et au-delà, ce qui pourrait avoir un impact sur le pouvoir d’achat des retraités. Les implications de cette décision seront certainement un point de débat dans les prochains mois alors que le gouvernement cherche à naviguer entre discipline budgétaire et justice sociale.

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