Face à une situation politique tendue, le Premier ministre, Sébastien Lecornu, a récemment présenté son discours de politique générale à l’Assemblée nationale. Cette déclaration fait suite à des pressions significatives de l’opposition, en particulier du Parti socialiste, pour assurer son soutien à son maintien à la tête du gouvernement. Lors de ce discours, le Premier ministre a levé le voile sur une série de mesures clés qui marqueront l’action de l’exécutif dans les mois à venir, touchant notamment aux retraites, à la fiscalité et aux parcours professionnels.
Une pause dans la réforme des retraites
Parmi les annonces les plus remarquées, la suspension de la réforme des retraites a retenu l’attention. Cette réforme, initialement adoptée en 2023, avait prévu de repousser progressivement l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans. Toutefois, face aux critiques et à l’approche des échéances électorales de 2027, le gouvernement a décidé de mettre en pause son application jusqu’à l’élection présidentielle. Ainsi, aucune modification de l’âge de départ à la retraite n’interviendra avant janvier 2028.
Le Premier ministre a précisé que cette suspension répondait notamment à des demandes formulées par la Confédération française démocratique du travail (CFDT). Il a également souligné que les mesures d’allongement de la durée d’assurance nécessaire pour obtenir une retraite à taux plein seraient elles aussi suspendues jusqu’à janvier 2028. Ces décisions visent à donner aux partenaires sociaux et au gouvernement le temps de trouver des solutions plus consensuelles.
Une conférence sur les retraites et le travail
Considérée comme une opportunité pour renouer le dialogue social, la mise en place d’une conférence sur les retraites et le travail a été annoncée. Cette conférence, prévue pour le printemps, doit permettre d’engager des discussions approfondies avec l’ensemble des partenaires sociaux. L’objectif affiché est de parvenir à un consensus qui pourrait ensuite être traduit en propositions législatives soumises au Parlement. Le Premier ministre a été clair : si un accord est trouvé, il sera transposé dans la législation. En l’absence de consensus, les candidats à l’élection présidentielle auront à en débattre.
Améliorations des retraites pour les femmes
La question de l’amélioration des retraites pour les femmes a également été abordée. Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale contient des dispositions spécifiques qui visent à réduire l’écart persistant entre les pensions perçues par les hommes et les femmes. Ces mesures sont cruciales dans une démarche plus large visant à atteindre l’égalité de traitement entre les sexes au sein des systèmes de retraite.
Encourager les parcours professionnels
Pour stimuler les opportunités professionnelles et favoriser l’évolution de carrière, le Premier ministre a chargé le ministre du Travail de mener des négociations avec les différentes branches professionnelles. Ces discussions porteront sur la création de parcours permettant aux salariés de progresser vers des postes de cadres. Cette initiative s’inscrit dans une volonté plus large d’améliorer la mobilité sociale et de valoriser l’expérience et les compétences accumulées.
Fiscalité : Une contribution des grandes fortunes
Du côté de la fiscalité, une contribution exceptionnelle des grandes fortunes a été proposée. Elle vise à financer les investissements d’avenir, notamment dans les infrastructures, la transition écologique et la défense. Ce prélèvement s’accompagne d’une taxation ciblée des holdings patrimoniales afin de lutter contre certaines pratiques d’optimisation fiscale jugées abusives. Toutefois, le Premier ministre a insisté sur le fait que cette taxation ne concernerait pas les actifs professionnels afin de ne pas freiner l’emploi et la croissance.
Le débat fiscal au cœur des discussions
Enfin, insistant sur l’importance du débat législatif, Sébastien Lecornu a déclaré que l’impôt ne devrait pas être dicté par des technocrates mais discuté et voté par les élus. En écartant le recours à l’article 49, alinéa 3 de la Constitution, le chef du gouvernement souhaite impliquer davantage les parlementaires dans les décisions fiscales, soulignant l’importance de l’équité et de la transparence dans l’élaboration des politiques fiscales.