À l’occasion de la Journée mondiale pour le droit à l’avortement, la téléconsultation en matière d’interruption volontaire de grossesse (IVG) se révèle être une avancée encore méconnue mais prometteuse. En France, alors que le nombre d’IVG a légèrement augmenté, l’option de pouvoir effectuer ce parcours médical à distance est encore sous-utilisée. Selon les dernières données de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), en 2024, 251 270 IVG ont été pratiquées, soit une augmentation par rapport à 2023. Cependant, la proportion de celles réalisées via téléconsultation reste faible.
Des Disparités Géographiques Marquées
L’étude de la Drees met en évidence des disparités notables entre les régions françaises, avec une prévalence des IVG deux fois plus élevée dans les départements et régions d’outre-mer (DROM). Cette différence s’explique par une prévention moins efficace et un niveau d’éducation à la vie affective et sexuelle insuffisant dans ces territoires, pointés du doigt par plusieurs associations.
Les Modalités de l’IVG Médicamenteuse à Distance
En France, l’IVG est autorisée jusqu’à la 14e semaine de grossesse, et les frais de l’intervention sont intégralement pris en charge par l’Assurance-maladie. Il existe deux méthodes principales pour réaliser une IVG : la méthode instrumentale, qui s’effectue en centre médical, et la méthode médicamenteuse, pouvant être réalisée à domicile. Depuis 2020, les consultations pour l’IVG médicamenteuse peuvent également se faire en visioconférence, rendant tout le parcours possible à distance, sous la supervision d’un médecin ou d’une sage-femme. Pour cela, il est indispensable que les sages-femmes aient signé une convention avec une structure de santé disposant d’un service d’urgence.
Étapes Clés du Parcours de Téléconsultation
Le parcours de l’IVG médicamenteuse à distance commence par une consultation d’information. Lors de cette étape, le professionnel de santé remet un dossier-guide détaillant chaque étape de l’IVG. Cette rencontre, qui s’effectue en ligne, permet également la délivrance de l’attestation de consultation de demande d’IVG. Il est crucial de prendre en compte la distance entre la patiente et le service de santé pour garantir une prise en charge sécurisée.
Ensuite, une consultation psychosociale est obligatoire pour les mineures, mais optionnelle pour les majeures. Elle peut également être réalisée en visioconférence, offrant un soutien à distance précieux pour les patientes.
Consentement et Réalisation de l’IVG
Dans le processus de téléconsultation, la patiente doit donner son consentement écrit à la procédure d’IVG, ce qui peut se faire à distance. Lors de cette consultation, la patiente décide également de la méthode d’IVG et de l’endroit où elle souhaite que le procédé soit réalisé. Une fois le consentement donné, le praticien envoie l’ordonnance à la pharmacie désignée par la patiente.
La consommation des médicaments peut se faire à domicile, et la patiente a la possibilité d’être accompagnée, même via visioconférence. Ce renforcement des soins à distance aide à garantir que les patientes reçoivent l’appui nécessaire tout au long du processus, malgré les contraintes géographiques.
Freins à l’Utilisation de la Téléconsultation
Malgré son potentiel, la téléconsultation pour l’IVG reste peu fréquentée. En 2022, seulement 972 patientes ont choisi cette méthode, ce qui représente une fraction minime par rapport aux 230 000 avortements réalisés cette année-là. Plusieurs obstacles subsistent, tels que la nécessité de disposer d’une infrastructure technologique adéquate pour la téléconsultation ou la complexité du processus administratif, incluant la collecte des documents et l’obtention du consentement à distance.
- Le besoin d’un équipement informatique performant.
- Des process administratifs complexes, comme la digitalisation des documents.
- La difficulté de créer une connexion personnelle dans un cadre virtuel.
De plus, des problèmes techniques persistent, tels que la prescription d’antalgiques opioïdes sur ordonnance sécurisée, non entièrement supportée par les logiciels actuels des sages-femmes. Ce manque d’intégration et les processus « dégradés » qui en résultent réduisent l’attrait de la téléconsultation.
Une Adoption à Encourager
Malgré ces challenges, la téléconsultation pour l’IVG représente une avancée essentielle pour améliorer l’accès aux soins, en particulier dans les régions éloignées des centres médicaux. S’il reste à surmonter certains obstacles pratiques et psychologiques, l’extension et l’adoption croissante de ce service pourraient réduire les inégalités de soin et offrir un soutien inestimable aux femmes nécessitant une IVG.
