En France, l’interruption volontaire de grossesse (IVG) est un droit fondamental garanti jusqu’à la 14e semaine de grossesse. Cette procédure peut se faire de manière instrumentale dans un centre de santé, ou de manière médicamenteuse, y compris à domicile. Depuis le confinement de 2020, la téléconsultation est devenue une option pour l’IVG médicamenteuse, bien que celle-ci reste méconnue et peu utilisée.
Contexte et chiffres récents
Selon une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) publiée en septembre 2025, le nombre d’IVG a atteint 251 270 interventions en 2024, soit une augmentation notable par rapport à 2023. Les disparités territoriales restent marquées, avec une incidence deux fois plus importante dans les départements et régions d’outre-mer (DROM) que dans la métropole. Ces chiffres soulignent l’importance des efforts de prévention et d’éducation sur la vie affective et sexuelle.
Quant à l’IVG par téléconsultation, les statistiques de 2022 indiquent que seulement 972 femmes ont opté pour cette méthode, représentant un infime pourcentage des avortements totaux réalisés cette année-là. Bien que prometteuse, cette solution rencontre divers obstacles.
Le processus de téléconsultation pour l’IVG médicamenteuse
L’IVG médicamenteuse à distance s’effectue par une série d’étapes réalisées sous supervision médicale à distance. Au départ, une information complète est fournie à la patiente par un médecin ou une sage-femme, qui lui remet le dossier-guide IVG et une attestation de consultation. Le consentement de la patiente est recueilli par écrit au cours de cette séance.
La consultation psychosociale, obligatoire pour les mineures et optionnelle pour les majeures, peut également être effectuée en visioconférence. Le processus inclut la remise des ordonnances nécessaires à la patiente pour son traitement, directement envoyées à une pharmacie désignée.
Le praticien doit s’assurer que la patiente puisse accéder rapidement à un établissement de santé partenaire en cas de nécessité, garantissant ainsi sa sécurité tout au long du processus. Finalement, la consultation de suivi post-IVG peut aussi s’effectuer par téléconsultation.
Freins et potentialités de la téléconsultation
Malgré la simplicité apparente de la téléconsultation, plusieurs facteurs en limitent l’usage : l’exigence de matériel informatique adéquat, la gestion documentaire complexe, et la difficulté à maintenir un lien personnel avec la patiente. Une étude de l’Université Nice Côte d’Azur évoque également une « sensation de perte du lien humain » chez certaines patientes.
Des problématiques administratives, telles que le retard dans la numérisation des prescriptions de certains médicaments essentiels via les logiciels des sages-femmes, nuisent aussi à l’efficience du dispositif. Certaines structures de santé sont réticentes ou reluctantes à formaliser des partenariats avec des sages-femmes pour l’IVG à distance.
Vers une utilisation plus répandue ?
Pour accroître le recours à cette méthode, il faut surmonter les obstacles persistants en organisant des campagnes d’information ciblées et en sollicitant les évolutions technologiques nécessaires. Les bénéficiaires potentiels se trouvent principalement dans les zones médicalement sous-dotées, où l’accès au personnel de santé est restreint.
Faciliter l’IVG par téléconsultation pourrait également égaliser l’accès aux services médicaux pour les femmes vivant dans des déserts médicaux. Une structuration plus robuste des procédures et un appui institutionnel constant sont indispensables pour favoriser cette transition et répondre aux besoins des femmes à travers le pays.
Malgré tout, la téléconsultation de l’IVG apparaît comme une avancée notable dans la lutte pour le droit à l’avortement, promettant une plus grande flexibilité et accessibilité aux ressources médicales essentielles, sous réserve de surmonter les défis actuels.