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L’avortement par téléconsultation : ce que vous devez savoir

La pratique de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) connaît une évolution marquante en France avec l’introduction de la téléconsultation comme option viable pour le déroulement de cette procédure sensible. Cette innovation médicale modernise l’accès à l’IVG médicamenteuse, une option qui permet aux femmes, notamment celles vivant dans des zones médicalement sous-dotées, de bénéficier d’un accès facilité à ces soins essentiels. Cependant, malgré ses promesses, l’IVG par téléconsultation reste sous-utilisée en France.

Une augmentation notable des IVG

Selon une étude récente de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), le nombre d’IVG réalisées en France en 2024 a atteint 251 270, soit une augmentation de 7 000 interventions par rapport à l’année précédente. Cette hausse s’inscrit dans un contexte où le droit à l’avortement continue d’être un sujet de débat public intense, notamment à l’occasion de la Journée mondiale pour le droit à l’avortement. Pourtant, la possibilité de recourir à la téléconsultation dans ce cadre reste largement méconnue du grand public.

Disparités territoriales et accès à l’information

Les disparités géographiques dans l’accès à l’IVG sont mises en lumière par les statistiques. En effet, les départements et régions d’outre-mer (DROM) affichent un taux d’IVG deux fois supérieur à celui de la métropole, un indicateur alarmant lié à une prévention insuffisante et à un déficit d’éducation relative à la vie affective et sexuelle. Les associations soulignent le besoin vital d’améliorer l’accès à l’information et aux services pour réduire ces inégalités. L’IVG est ouverte jusqu’à la 14e semaine de grossesse en France, une procédure entièrement couverte par l’Assurance-maladie, quel que soit le statut de la patiente.

Comment fonctionne l’IVG médicamenteuse par téléconsultation ?

La méthode médicamenteuse, à la différence de l’IVG instrumentale qui nécessite un passage en centre de santé, peut être réalisée à domicile. Depuis la pandémie de 2020, le recours à la téléconsultation a été autorisé. Tout au long de ce parcours, les patientes sont accompagnées par un médecin ou une sage-femme qui peuvent réaliser toutes les étapes de l’IVG à distance, depuis les consultations initiales jusqu’à la remise des ordonnances. Cependant, il est impératif que les sages-femmes impliquées dans ce processus soient liées à une structure pratiquant les IVG et disposant d’un service d’urgence.

Le parcours en téléconsultation étape par étape

La première étape de l’IVG médicamenteuse par téléconsultation consiste en une session d’information où le professionnel de santé remet à la patiente un « dossier-guide IVG ». Ce guide détaille les étapes, les modalités et les options d’intervention disponibles. Une attestation de consultation pour demande d’IVG est également délivrée à la patiente. La distance entre la sage-femme et la patiente doit être considérée afin que cette dernière soit à moins d’une heure d’un établissement médical signataire en cas de nécessité d’une intervention d’urgence.

Ensuite, une consultation psychosociale, bien que facultative pour les patientes majeures, est obligatoirement proposée pour les mineures et peut également être réalisée via téléconsultation. Il est essentiel de recueillir le consentement écrit de la patiente et de lui remettre les ordonnances nécessaires, le tout pouvant se faire à distance.

La pharmacie désignée reçoit alors l’ordonnance, et la patiente peut choisir de prendre les médicaments chez elle, avec un accompagnement possible par vidéo si nécessaire. Il est à noter que la consultation de contrôle post-IVG peut encore une fois se faire à distance, garantissant un suivi approprié du processus.

Obstacles et défis de l’IVG par téléconsultation

Bien que prometteuse, l’IVG par téléconsultation affronte divers obstacles qui expliquent son adoption limitée. En 2022, seulement 972 femmes ont opté pour ce mode, représentant 0,4 % des 230 000 avortements pratiqués cette année-là. Les technologies requises et la capacité à formaliser un consentement écrit à distance posent des défis. En outre, certaines femmes décrivent une « sensation de perte du lien humain », une barrière psychologique qui peut freiner le recours à cette option.

Les problématiques logistiques, telles que l’émission d’ordonnances sécurisées pour des médicaments comme le tramadol ou la codéine sans support numérique adéquat, ajoutent un niveau de complexité supplémentaire. Cette situation incite les responsables du système de santé à adopter des solutions temporaires parfois considérées comme « dégradantes », compromettant ainsi l’utilisation optimale de cette technique. De plus, certaines structures médicales hésitent à signer des accords avec des sages-femmes souhaitant participer à la téléconsultation pour IVG.

Face à ces difficultés, des efforts accrus doivent être déployés pour éduquer et équiper les professionnels de santé, tout en renforçant les infrastructures numériques pour rendre l’IVG par téléconsultation non seulement accessible mais aussi fiable et sécurisée, afin que toutes les femmes puissent bénéficier de ce droit fondamental sans entrave majeure.

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