La téléconsultation pour l’interruption volontaire de grossesse (IVG) représente une avancée significative dans l’accès aux soins pour de nombreuses femmes, notamment celles vivant dans des régions où l’accès aux centres médicaux est limité. Toutefois, malgré sa mise à disposition, cette méthode reste faiblement utilisée en France. Alors comment fonctionne réellement l’IVG par téléconsultation et quels en sont les enjeux ?
Un outil pour faciliter l’accès à l’IVG
En 2024, pas moins de 251 270 IVG ont été réalisées en France, montrant une légère hausse par rapport à 2023. Une partie de ces interventions a été faite par téléconsultation, un mode opératoire introduit pour pallier les difficultés d’accès physique aux structures de santé, surtout dans les déserts médicaux. Depuis le confinement de 2020, il est possible de réaliser certaines consultations à distance, notamment pour les IVG médicamenteuses.
L’IVG médicamenteuse à distance offre une flexibilité significative. Elle permet aux patientes de suivre le processus depuis chez elles, sous la supervision d’un médecin ou d’une sage-femme par visioconférence. Un cadre indispensable a été mis en place, où les sages-femmes peuvent opérer sous réserve de conventions avec des structures d’accueil d’urgence.
Les étapes de l’IVG médicamenteuse à distance
Pour initier une IVG médicamenteuse par téléconsultation, la patiente doit d’abord recevoir toute l’information nécessaire. Un médecin ou une sage-femme lui remet un dossier-guide détaillant chaque étape du parcours, les modalités et les possibilités d’intervention. Ce processus inclut également une attestation de consultation et les prescriptions nécessaires pour permettre la réalisation de l’IVG à domicile ou en centre médical, selon le choix de la patiente.
Une consultation psychosociale, obligatoire pour les mineures et optionnelle pour les majeures, peut également être effectuée par visioconférence. Durant ces échanges, toutes les inquiétudes ou questions de la patiente peuvent être abordées, assurant ainsi une prise en charge complète et empathique, même à distance.
Les défis de l’usage de la téléconsultation
Malgré les nombreux avantages, la téléconsultation pour l’IVG rencontre quelques obstacles. En 2022, seule une minorité des patientes, environ 972, ont eu accès à une IVG par téléconsultation. Ce faible taux s’explique par plusieurs facteurs : la nécessité d’un matériel informatique approprié, la difficulté à gérer tous les documents administratifs numériquement et l’importance cruciale du lien humain souvent absent dans une consultation numérique.
D’autres facteurs incluent les réticences de certaines structures hospitalières à signer des conventions avec des sages-femmes et les restrictions liées à la prescription de certains médicaments par voie numérique. Ces limites techniques et administratives freinent clairement l’adoption d’un processus pourtant innovant et potentiellement très bénéfique.
Vers une adoption plus large
Pour encourager l’usage de la téléconsultation pour l’IVG, plusieurs améliorations pourraient être envisagées. La formation des professionnels de santé à l’utilisation des plateformes numériques, l’assouplissement des contraintes administratives et l’amélioration de l’infrastructure technologique dans les régions moins équipées figurent parmi les priorités. Par ailleurs, une campagne d’information auprès du grand public pourrait également aider à lever les craintes et l’inconnu entourant encore cette procédure.
L’avenir de l’IVG par téléconsultation dépendra donc en grande partie de la capacité des acteurs de santé et des décideurs politiques à lever les barrières existantes tout en continuant d’assurer une sécurité et une qualité de soin optimales pour toutes les femmes.