Dans un contexte économique tendu, le gouvernement propose de supprimer le caractère férié du 8 mai, jour de commémoration de la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe. Cette proposition vise à générer des économies budgétaires significatives. Mais la décision de transformer cette journée en jour ouvré suscite des opinions bien tranchées.
Un besoin urgent d’ajustements budgétaires
Les réformes économiques annoncées par le Premier ministre incluent des mesures drastiques telles que le gel des salaires des fonctionnaires, des aides sociales, et des retraites. Supprimer deux jours fériés, dont le 8 mai, pourrait rapporter environ 5 milliards d’euros par an. Pour un pays en quête d’économies, chaque milliard compte.
Arguments pour la fin du 8 mai férié
Pour ceux qui soutiennent cette mesure, le principal avantage repose sur les gains financiers qu’elle promet. Un rapport sénatorial de septembre 2024 évaluait que la suppression d’un seul jour férié pourrait fournir 2,4 milliards d’euros de recettes supplémentaires. Certains pointent également que la France, avec ses 11 jours fériés officiels, pourrait s’aligner sur des voisins européens, comme l’Allemagne et le Danemark, qui en comptent moins.
Historique de la suppression
Il est intéressant de noter que le Général de Gaulle avait déjà supprimé le caractère férié du 8 mai en 1959. Cette mesure s’inscrivait alors dans un plan de rigueur économique similaire. Aujourd’hui, certains estiment qu’il est raisonnable de réactiver cette décision historique pour permettre à la France de faire face à ses défis budgétaires.
Opposition à la suppression du 8 mai férié
D’un autre côté, de nombreux citoyens et organisations s’opposent fermement à cette proposition. Pour beaucoup, le 8 mai est plus qu’un jour férié ; il symbolise une page fondamentale de notre histoire : la victoire des Alliés sur le régime nazi. Renoncer à ce jour de commémoration serait, pour certains, un acte de négligence envers le devoir de mémoire.
Comparaison avec d’autres pays européens
- 14 pays de l’Union Européenne bénéficient de plus de jours fériés que la France.
- Les Espagnols, les Chypriotes et les Polonais ont par exemple un calendrier plus généreux en termes de jours de repos officiels.
Ces faits alimentent le sentiment que la suppression d’un jour férié pourrait désavantager les travailleurs français par rapport à leurs homologues européens.
Propositions alternatives
Certains suggèrent d’autres voies pour rééquilibrer les comptes publics. Parmi elles, l’idée d’une taxe sur les grandes fortunes, souvent citée comme la « taxe Zucman », pourrait apporter des recettes fiscales nettement supérieures, estimées à 20 milliards d’euros par an. Cette taxe viserait à prélever un impôt sur le patrimoine des grandes fortunes françaises, dont la part dans le PIB a considérablement augmenté depuis 2010.
Vers un débat national
La proposition de suppression du 8 mai férié a ouvert un débat national sur l’équilibre entre économies budgétaires et préservation du patrimoine historique et culturel. Les partenaires sociaux, les organisations syndicales, et les groupes politiques sont invités à se prononcer sur cette mesure.
Faut-il préserver le 8 mai férié en honorant le devoir de mémoire, ou est-il temps de revoir notre calendrier pour favoriser le redressement économique du pays ? Les discussions promettent d’être animées, car il s’agit d’un enjeu qui touche autant à l’identité nationale qu’à la responsabilité économique.