Lors de son allocution ce mardi, François Bayrou a soulevé une question qui provoque un vif débat au sein de la société française : doit-on sacrifier certains jours fériés pour redresser l’économie nationale ? Parmi les mesures proposées, la suppression du caractère férié du 8 mai, jour de commémoration de la fin de la Seconde Guerre mondiale, ainsi que du lundi de Pâques. Cette décision s’inscrit dans une stratégie plus large de réduction du déficit public.
Contexte économique et nécessité de la mesure
Le gouvernement a engagé une série de mesures de restrictions budgétaires dans le but de maîtriser la dette nationale, qui atteint des niveaux préoccupants. En addition des gels déjà instaurés sur les salaires des fonctionnaires, les aides sociales et les pensions de retraite, la suppression de jours fériés est envisagée comme un moyen d’augmenter la productivité et de générer des recettes supplémentaires. Selon un rapport du Sénat daté de septembre 2024, la suppression d’un seul jour férié pourrait apporter 2,4 milliards d’euros en recettes additionnelles.
Arguments en faveur de l’abolition des jours fériés
Pour les partisans de cette proposition, chaque milliard d’euros comptera pour rétablir un équilibre budgétaire. La France, avec ses onze jours fériés par an, apparaît plus « généreuse » que certains de ses voisins européens tels que l’Allemagne et le Danemark. De plus, historiquement, le 8 mai avait déjà perdu son statut férié sous le général de Gaulle, en 1959, avant d’être rétabli en 1981. Cela démontre, selon eux, une flexibilité historique qui pourrait être remise au goût du jour en ces temps de crise.
Les objections à la suppression du 8-Mai férié
À l’opposé, de nombreuses voix s’élèvent contre cette mesure, soulignant l’importance historique et symbolique du 8 mai, jour de la victoire des Alliés en 1945 et symbole fort de la mémoire collective. De plus, les critiques pointent qu’il existe d’autres moyens de redresser les comptes publics, comme l’introduction d’une taxe ciblant les grandes fortunes, qui serait potentiellement plus juste et plus efficace.
Sur le plan européen, la France, avec ses 11 jours fériés, se situe dans une moyenne, loin derrière des pays comme Chypre, l’Espagne et la Pologne qui en comptent davantage. À cela s’ajoute que modifier les jours fériés qui coïncident avec des dates importantes pour le devoir de mémoire pourrait altérer le tissu social en réduisant les occasions de se souvenir collectivement des périodes cruciales de l’histoire nationale.
Alternatives proposées et points de vue divergents
En réponse aux propositions gouvernementales, certains économistes et sociologues proposent d’autres solutions axées sur une fiscalité adaptée visant les patrimoines élevés. En effet, la richesse des 500 plus grandes fortunes a considérablement augmenté, passant de moins de 10 % du PIB en 2010 à 40 % en 2024. Une contribution fiscale appropriée sur ces richesses pourrait rapporter des sommes considérables, bien supérieures aux gains espérés par la suppression des jours fériés.
Pour d’autres, la solution pourrait résider dans une rationalisation et une répartition plus équilibrée des dépenses publiques sans nécessairement toucher aux symboles immatériels mais significatifs de la nation.
Conclusion : Un débat ouvert aux citoyens
La suppression du caractère férié du 8 mai et du lundi de Pâques demeure un sujet controversé. Les raisons économiques avancées ne convainquent pas tous les citoyens qui voient en ces jours de repos des moments de cohésion sociale et de réflexion historique indispensables. Ce débat s’inscrit dans un contexte plus large de réflexion sur les traditions nationales face aux exigences économiques contemporaines.
Afin d’encourager une plus large participation citoyenne, le gouvernement envisage de soumettre cette décision à une consultation publique. Les Français sont donc invités à exprimer leur opinion et à proposer des alternatives viables. Les jours à venir seront l’occasion d’observer comment le dialogue entre le gouvernement et la population se matérialisera autour de cet enjeu crucial pour l’avenir du pays.