La décision du gouvernement de modifier le mode de calcul du diagnostic de performance énergétique (DPE) représente un tournant majeur pour environ 850 000 logements chauffés à l’électricité. En effet, ces habitations pourront sortir du statut de passoire énergétique, ce qui signifie qu’elles ne seront plus classées dans les catégories F ou G, les plus basses du DPE. Ce changement, annoncé par Matignon, prendra effet le 1er janvier 2026.
Une correction attendue depuis longtemps
Cette révision du DPE répond à une problématique chronique : jusqu’à présent, les logements chauffés à l’électricité étaient souvent pénalisés par un mode de calcul défavorable. En France, où l’électricité est majoritairement décarbonée, grâce notamment au nucléaire, le DPE tendait à surévaluer artificiellement la consommation énergétique de ces logements.
En abaissant le coefficient de conversion de l’électricité de 2,3 à 1,9, le gouvernement rectifie un biais qui aboutissait souvent à des évaluations injustes. Ainsi, un logement électrique précédemment classé F pourrait se voir attribuer une note E, voire D, sans nécessiter des travaux de rénovation coûteux.
Des répercussions significatives pour les propriétaires
Pour les propriétaires bailleurs, cette rééquilibration du DPE est synonyme d’un allègement considérable des contraintes locatives. À partir de janvier 2025, les logements classés G ont été interdits de location, avec la même interdiction prévue pour ceux classés F à partir de janvier 2028. Cette réforme offre donc un sursis bienvenu, particulièrement pour ceux qui risquaient de se retrouver contraints à effectuer des travaux souvent lourds et peu rentables.
En conséquence, de nombreux biens pourront réintégrer le marché locatif, un développement crucial dans les grandes villes françaises, où le manque de logements atteint des niveaux critiques. Ce retour sur le marché bénéficiera directement aux groupes qui en ont le plus besoin, tels que les étudiants, les jeunes actifs et les familles monoparentales.
La réalité énergétique inchangée
Malgré cette nouvelle meilleure classification sur le papier, les problématiques techniques subsistent. Les logements restent inchangés dans leur performance énergétique réelle. Une habitation insuffisamment isolée équipée de radiateurs électriques basiques continuera à être énergivore. En dépit de la lettre sur le DPE, le confort thermique et la consommation d’énergie ne se transformeront pas par magie.
Même si cette mesure allège la pression immédiate sur le parc locatif, le véritable défi de la transition énergétique reste entier. En effet, le changement de lettre des DPE ne réduit pas la consommation effective et ne contribue pas à une baisse directe des émissions de carbone.
Réflexion sur les travaux de rénovation
En cette période d’évolution réglementaire, beaucoup se demandent s’il est toujours pertinent d’envisager des travaux de rénovation. Il est indéniable qu’une meilleure isolation contribue à diminuer la consommation énergétique. Les propriétaires sont toutefois confrontés à un dilemme, étant donné que les économies en coûts d’énergie bénéficient principalement aux locataires, et que les aides à la rénovation se font plus rares.
Cela dit, investir dans des améliorations comme l’isolation thermique peut rehausser la valeur du bien et garantir une plus grande attractivité pour de futurs acquéreurs ou locataires.
Des ajustements progressifs et leurs impacts
Le recalibrage du DPE fait suite à d’autres ajustements ces dernières années, tels que la reclassification des petites surfaces de moins de 40 m² en février 2025, qui a permis à 140 000 logements supplémentaires de quitter le statut de passoire énergétique. Ces changements progressifs, s’ils ne réduisent pas le besoin d’une meilleure efficacité énergétique globale, soulagent néanmoins les propriétaires de certaines contraintes immédiates.
Procédure pour obtenir le nouveau DPE
Bonne nouvelle pour les propriétaires : il ne sera pas nécessaire de refaire entièrement le diagnostic pour bénéficier de cette reclassification. L’Ademe (Agence de la transition écologique) mettra en ligne une plateforme gratuite à la fin de 2025, permettant de recalculer le classement à partir des diagnostics existants, selon les nouveaux critères.
Il sera ainsi possible de mettre à jour son DPE sans coûts additionnels, une mesure essentielle pour de nombreux propriétaires soucieux de respecter les nouvelles régulations sans grever leur budget.