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Lente progression vers l’indépendance économique des femmes depuis 1965

Il y a soixante ans, sous l’impulsion du gouvernement de Charles de Gaulle, une avancée marquante était réalisée pour les droits des femmes en France. La loi du 13 juillet 1965, en réformant les régimes matrimoniaux, a permis aux femmes mariées d’exercer librement une profession sans avoir besoin de l’approbation de leur conjoint, de gérer individuellement leurs salaires après avoir couvert les obligations du mariage, et d’ouvrir un compte en banque en leur nom propre. Un changement qui représentait un pas significatif vers l’autonomie financière, pourtant encore incomplète aujourd’hui.

L’appréciation historique de la loi de 1965

L’introduction de cette loi constituait une étape cruciale vers l’égalité des sexes en matière de droits économiques. Avant 1965, le statut d’une femme mariée la plaçait sous la tutelle de son mari, avec une dépendance financière systématique imposée par la législation en place. La redéfinition des rôles économiques dans le couple a permis non seulement d’améliorer la situation personnelle des femmes mais a aussi initié une transformation sociétale à plus grande échelle.

Des progrès mais des inégalités persistantes

Malgré ces avancées légales, l’indépendance économique des femmes demeure inachevée. Une étude récente menée par La France Mutualiste et Bpifrance Le Lab souligne que des inégalités patrimoniales et salariales persistantes restent à combler. Le sondage révèle que les femmes sont significativement moins nombreuses à investir dans des produits financiers diversifiés tels que l’assurance-vie, les plans d’épargne en actions (PEA) ou les comptes-titres.

Les freins économiques à l’investissement féminin

Le manque de moyens financiers est souvent cité comme un obstacle majeur dans les choix d’investissement des femmes. Avec plus de trois femmes sur quatre déclarant ne pas placer d’argent faute de revenus suffisants, un fossé notable se creuse par rapport à leurs homologues masculins, illustrant ainsi une vulnérabilité économique accrue. La majorité des femmes préfèrent des placements plus sûrs et accessibles comme le livret A ou le LDDS, alors que les investissements plus risqués mais potentiellement plus profitables sont moins envisagés.

Les écarts salariaux toujours présents

Ces choix prudents sont également influencés par le fossé salarial existant. En 2023, un rapport de l’Insee indiquait que le salaire moyen des femmes restait inférieur de 22,2 % à celui des hommes dans le secteur privé. Cette disparité reflète non seulement des écarts en termes de rémunération brute mais aussi des différences dans les types de postes occupés et la durée du travail.

L’écart de rémunération à temps plein équivalent (EQTP) se montre également significatif, restant à 14,2 % en défaveur des femmes selon la même enquête. Ces différences structurelles entravent profondément l’accumulation de patrimoine et, par conséquent, la sécurité financière à long terme des femmes par rapport à leurs collègues masculins.

Les réformes légales, un moteur de changement nécessaire

Depuis l’adoption de la loi de 1972 assurant l’égalité de rémunération pour un travail de valeur égale, plusieurs dispositions ont été mises en place. Actuellement, l’article L. 3221-2 du Code du travail oblige les employeurs à garantir cette parité salariale. Bien que la base légale pour l’égalité soit posée, la mise en œuvre effective de ces principes requiert un suivi et un renforcement continus pour corriger les biais persistants.

En conclusion, même si la route vers l’indépendance économique des femmes a considérablement progressé depuis 1965, les défis demeurent nombreux et complexes. Les initiatives visant à réduire les écarts économiques et à promouvoir l’égalité doivent être poursuivies avec rigueur pour assurer une véritable autonomie financière aux femmes dans toutes les sphères de la société.

Ainsi, le combat pour l’égalité économique ne doit pas se relâcher, et chaque pas en avant doit s’accompagner d’efforts concertés à la fois des pouvoirs publics, des entreprises, et de la société civile pour faire tomber les derniers bastions de l’inégalité.

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