Chaque année, la France déplore 75 000 décès liés au tabagisme. Dans une tentative pour contrer ce fléau, le gouvernement sous la direction de la ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, Catherine Vautrin, a décidé d’étendre l’interdiction de fumer à compter du 1er juillet à de nombreux espaces publics. Ces lieux comprennent dorénavant les parcs, les plages, les abribus, ainsi que les abords des établissements scolaires et plusieurs autres sites fréquentés par le public.
Une avancée notable selon les experts
Le Comité national de lutte contre le tabagisme (CNLT) s’est félicité de cette annonce, la qualifiant de « progression significative pour la protection de la santé des plus jeunes et une dénormalisation du tabagisme dans la société ». Yves Martinet, président de l’association, a déclaré à l’AFP que cette mesure n’est pas uniquement bénéfique pour l’environnement par la réduction des mégots dans les espaces publics, mais qu’elle protège également les non-fumeurs des dangers du tabagisme passif.
Des politiques antitabac déjà éprouvées
Depuis 2007, la France interdit de fumer dans les lieux publics, tels que les bars, restaurants, et hôtels. Une étude de Santé publique France de 2013 confirme que les politiques antitabac conduisent à une baisse significative et durable du tabagisme passif dans ces espaces. En d’autres termes, les Français soutiennent majoritairement ces politiques, voyant en elles une possibilité de vivre dans un environnement plus sain.
Des recherches publiées en octobre 2024 dans la revue Nature Human Behaviour démontrent que les campagnes antitabac, couplées aux interdictions de fumer et aux avertissements sanitaires, combinées à une taxation élevée, se révèlent être parmi les mesures les plus efficaces pour réduire le taux de tabagisme.
Les « espaces sans tabac » et leurs bénéfices
Mise en avant depuis 2012 par la Ligue contre le cancer, l’initiative des « espaces sans tabac » a été multipliée à travers la France, atteignant un total de 7000 zones. Ces espaces publics extérieurs non soumis à l’interdiction de fumer dans les lieux publics visent à encourager l’arrêt du tabagisme en limitant les occasions de fumer. Ainsi, elles dissuadent également les jeunes de s’initier au tabac.
Selon la Ligue contre le cancer, la réglementation sur le tabagisme dans les lieux publics influe positivement sur les fumeurs, les incitant à arrêter, tandis qu’elle contribue à réduire l’expérimentation du tabac chez les jeunes. Ceci pourrait engager une dynamique propice à une diminution significative du tabagisme chez les futures générations.
Exemples internationaux : la Suède en pionnier
Des pays tels que la Suède ont mis en œuvre depuis longtemps des politiques similaires. Le pays nordique, engagé depuis les années 1980 dans la lutte contre le tabagisme, a vu son taux de tabagisme quotidien chuter de 35 % à 5 % grâce à un éventail de mesures strictes. Depuis les années 1990, l’interdiction de fumer dans plusieurs lieux publics comme les garderies et les établissements scolaires s’est progressivement étendue jusqu’aux terrasses des cafés et restaurants en 2019.
Vers une génération sans tabac en France
La France n’est pas en reste et montre déjà des signes encourageants de cette lutte accrue contre le tabac. Entre 2023 et 2024, une baisse de 11,5 % des ventes de tabac a été enregistrée chez les buralistes, selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT).
En ligne avec le programme national de lutte contre le tabac (PNLT) pour la période 2023-2027, l’objectif fixé est ambitieux : faire en sorte que les enfants nés depuis 2014 deviennent la première génération d’adultes non-fumeurs, avec moins de 5 % de fumeurs. Bien que cette nouvelle loi n’inclue pas encore les terrasses de café et de restaurant, une grande partie des Français, soit 70 %, est favorable à une telle extension selon un sondage récent.
Le CNLT exprime toutefois un certain regret que les terrasses ne soient pas incluses dans cette nouvelle règlementation, soulignant qu’elles sont également fréquentées par les familles et pourraient jouer un rôle dans la protection des plus jeunes.