La Cour des comptes a récemment publié un rapport qui attire l’attention sur une situation préoccupante : la Sécurité sociale pourrait bientôt se retrouver dans l’incapacité de payer ses bénéficiaires. Selon les Sages de la rue Cambon, le déficit de la Sécurité sociale continue de croître à un rythme inquiétant, atteignant potentiellement des niveaux ingérables dans les prochaines années.
Une situation financière en détérioration
Dans son rapport annuel sur l’application des lois de financement de la Sécurité sociale, la Cour des comptes décrit une trajectoire financière qui semble échapper à tout contrôle. En 2024, le déficit s’élevait déjà à 15,3 milliards d’euros, dépassant de 4,8 milliards celui de l’année précédente. Ces chiffres alarmants laissent entrevoir un avenir encore plus sombre si rien n’est fait pour redresser la barre.
Les prévisions pour 2025 ne sont guère rassurantes, avec un déficit qui pourrait bondir à 22,1 milliards d’euros et atteindre 24,1 milliards d’ici 2028. La raison évoquée par la Cour est une série d’hypothèses de croissance irréalistes utilisées dans la conception du budget de la Sécurité sociale.
Des recettes et dépenses déséquilibrées
Les recettes de la Sécurité sociale en 2024 ont été inférieures de 7,7 milliards d’euros aux prévisions, alors que les dépenses étaient supérieures de 1,1 milliard. Ce décalage entre recettes et dépenses souligne la fragilité de la situation actuelle. De plus, l’Assurance-maladie peine à maintenir ses objectifs de dépenses, nécessitant la réalisation de mesures d’économies jamais vues auparavant, de l’ordre de 5,2 milliards d’euros.
Impact sur les structures existantes
La situation financière de la Sécurité sociale compromet son fonctionnement, notamment en ce qui concerne la Caisse d’amortissement de la dette sociale (Cades). Cette structure, créée pour absorber les dettes du régime général de la Sécurité sociale, voit sa capacité de financement mise à rude épreuve par ces nouveaux déficits.
Le rôle de l’Agence centrale des organismes de sécurité sociale (Acoss) est également affecté. Cette institution, qui était censée gérer temporairement la dette, se retrouve désormais à devoir absorber des dettes qui pourraient tripler d’ici 2028. Cette situation pose la question de la capacité de l’Acoss à emprunter les fonds nécessaires sans compromettre le marché des capitaux à court terme.
Quelles solutions possibles ?
Face à ce constat alarmant, la Cour des comptes propose plusieurs pistes de solutions. Prolonger la durée de vie de la Cades au-delà de 2033 semble une option envisageable, bien que complexe à cause des implications législatives que cela engendre. Une autre solution consisterait à allouer des ressources supplémentaires à la Cades, mais cela nécessiterait probablement une augmentation des prélèvements obligatoires, une mesure impopulaire et controversée.
Les magistrats recommandent également une révision des politiques d’allègements de charges, qui atteignaient 77,4 milliards d’euros en 2024. Intégrer dans le calcul des allègements les compléments de salaire issus de la participation financière ou de l’actionnariat salarié pourrait rapporter jusqu’à 3 milliards d’euros, selon la Cour.
Une stratégie à long terme nécessaire
L’une des recommandations clés de la Cour des comptes est la formulation d’une stratégie claire pour arriver à un retour à l’équilibre. Cette stratégie impliquerait des mesures d’économie et une maîtrise rigoureuse des dépenses. Le président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, a souligné l’urgence de ces mesures, affirmant que la dette actuelle affaiblit le modèle social français, un point de vue qui doit être pris au sérieux pour éviter une crise de grande ampleur.
En définitive, la situation actuelle de la Sécurité sociale appelle à une prise de conscience collective et à l’adoption de mesures courageuses. La stabilisation de ces finances publiques essentielles est cruciale pour garantir la pérennité du système de protection sociale en France et pour préserver la confiance des citoyens dans ces institutions vitales.