L’année 2025 verra l’introduction d’un système inédit en France : l’éco-score des vêtements. Face à la crise environnementale et à l’urgence climatique, cette initiative vise à informer les consommateurs sur l’impact écologique de leurs choix vestimentaires. Elle permettra à chacun de choisir des habits en connaissance de cause, sur la base d’un affichage volontaire qui promet de transformer l’industrie textile.
Pourquoi un éco-score pour les vêtements ?
L’industrie textile est connue pour être l’une des plus polluantes au monde. En Europe, elle figure parmi le top quatre des secteurs les plus néfastes pour l’environnement, après l’alimentation, le logement et les transports. À elle seule, elle représente 8 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Ces chiffres effrayants montrent l’importance d’une prise de conscience collective et d’efforts concertés pour inverser la tendance.
Chaque année, des volumes astronomiques de fibres plastiques se retrouvent dans les océans, issus des vêtements synthétiques que nous portons. En parallèle, la teinture et le traitement de ces textiles contribuent à hauteur de 20 % de la pollution des eaux mondiales. Le choix des matières non seulement a des répercussions sur la quantité d’eau nécessaire (7 500 litres pour un seul jean en coton), mais aussi sur les émissions de microfibres et la contribution au changement climatique.
Les caractéristiques de l’éco-score ?
La nouvelle étiquette environnementale, dénommée ‘Ecobalyse’, se matérialisera sous la forme d’un logo distinctif en noir et blanc. Élaborée pour couvrir l’ensemble du cycle de vie des vêtements, elle prendra en compte des critères allant de la production des matières premières jusqu’à la gestion de la fin de vie. Emissions de carbone, consommation d’eau, utilisation de produits chimiques, processus de teinture et de confection, utilisation de ressources fossiles, et rejet de microfibres seront tous scrutés pour offrir une note qui reflète l’impact global.
À titre d’illustration, les habits provenant de l’ultra fast-fashion, majoritairement importés d’Asie, se verront attribuer un score très élevé. Un pull en coton de Chine pourrait totaliser 3 713 points d’impact, alors qu’un pull de coton bio façonné localement en Europe pourrait garder une note plus basse, de l’ordre de 1 102 points.
Comment sera calculé cet impact ?
L’évaluation repose sur les principes du Product Environmental Footprint (PEF), un outil développé par la Commission européenne. Ce dispositif prend en compte 16 critères environnementaux essentiels comme les émissions de gaz à effet de serre et la toxicité, entre autres. S’y ajoutent des critères supplémentaires pour pallier les insuffisances et capturer l’ensemble des facettes de la production textile : rejet des microfibres, exportation des déchets textiles hors Europe, et durabilité des vêtements.
Ces additions sont critiques pour cibler particulièrement l’ultra fast-fashion, où la rapidité de production et de renouvellement des collections prime souvent et ce, au mépris de l’environnement.
L’éco-score : une obligation ou un choix ?
Bien que l’affichage de l’éco-score ne soit pas obligatoire, il se présente comme une étape volontaire vers la transparence écologique. Les marques déjà investies dans la réduction de leur empreinte environnementale et qui affichent leurs émissions de carbone n’auront d’autre choix que d’ajouter cet éco-score officiel à leurs étiquettes.
Un an après le déploiement, des associations pourront émettre ces évaluations par défaut, si les marques ne jouent pas le jeu de la transparence. Cette modalité est pensée pour faire pression sur les chaînes de vêtements, poussant celles-ci à une soumission volontaire et à une plus grande responsabilité environnementale.
Réagir face à la fast-fashion
La fast-fashion, reine du renouvellement rapide et incessant des modèles, est au cœur de ce défi. Des géants, en particulier ceux basés en Asie, produisent à faible coût et faible durée de vie, tout en dégradant gravement les ressources planétaires. L’éco-score intentionne d’équiper les consommateurs d’un outil de jugement critique, favorisant les produits issus d’une production plus responsable et incitant les entreprises à repenser leurs chaînes d’approvisionnement.
L’éco-score est donc perçu comme une innovation majeure en faveur des pratiques durables, permettant de distinguer les vêtements ayant un moindre impact environnemental et promouvant les efforts réalisés par les producteurs soucieux du respect écologique.