La sauvegarde des animaux errants devient une priorité pour la SNCF, qui a mis en place une nouvelle procédure permettant de ralentir ou retarder les trains si un animal se trouve sur les voies. Cette initiative intervient après un épisode tragique remontant à janvier 2023 où un chat nommé Neko a malheureusement trouvé la mort sous un TGV à la gare Montparnasse de Paris, suscitant une vive émotion auprès du grand public et déclenchant des actions en justice contre la société ferroviaire.
Un passé tragique en guise d’avertissement
Le 2 janvier 2023, Georgia et sa fille Melaïna étaient à bord d’un TGV quittant Paris pour Bordeaux lorsque leur chat, Neko, s’échappa et trouva refuge sous la rame du train. Malgré les cris désespérés des passagères et leurs appels à la compagnie pour stopper le départ, les contrôleurs de la SNCF ont maintenu le départ du train, entraînant la perte tragique de l’animal. Cet incident a généré de nombreuses critiques et un débat public sur l’importance de la compassion et de la protection animale, même dans le cadre des opérations ferroviaires.
Une réponse au public et aux tribunaux
Suite à cette tragédie, les propriétaires de Neko ont porté l’affaire devant la justice, accusant la SNCF de négligence. Bien que la compagnie ferroviaire ait finalement été relaxée en appel, l’affaire a conduit à une réévaluation des politiques internes de la SNCF concernant la sécurité des animaux autour des trains. Le ministre des Transports de l’époque, Clément Beaune, a joué un rôle crucial en exhortant la SNCF à envisager toutes les solutions possibles pour éviter une répétition de tels incidents.
Un protocole pour la compassion
Le 16 mai, la SNCF a publié de nouvelles directives pour ses agents. Dorénavant, en cas de signalement d’un animal sur les voies, les trains peuvent être retardés de 20 minutes afin de donner aux équipes ferroviaires le temps d’évaluer la situation. Les agents disposent de 10 minutes initiales pour localiser l’animal sans descendre sur les voies et, si l’animal est visible, ont 10 minutes supplémentaires pour organiser sa récupération de manière sécurisée.
Dans le cas où l’animal demeurerait introuvable au bout de ce laps de temps, le départ du train est autorisé tout en progressant à une vitesse réduite afin de permettre à l’animal de se retirer sans danger. Ce protocole, bien qu’il ne puisse garantir la sécurité de tous les animaux, marque une avancée significative dans la prise en compte des animaux de compagnie par la SNCF.
Réactions des associations de défense des animaux
Toutefois, cette nouvelle réglementation a suscité des réactions diverses. La Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut) a salué cette décision, la jugeant équilibrée entre les impératifs de service public et la compassion envers les animaux. En revanche, la Fondation 30 Millions d’Amis a exprimé sa déception, jugeant que 20 minutes est un temps insuffisant pour s’assurer de la sécurité de l’animal concerné.
La présidente de la Fondation, Reha Hutin, a critiqué l’idée de limiter le temps de sauvetage d’un animal à une courte période, soulignant que la vie animale ne devrait pas être compromise pour des raisons d’efficacité opérationnelle. Elle a également appelé à une extension du délai permis pour garantir la sécurité et le sauvetage des animaux trouvés sur les voies.
Vers un futur plus sensibilisé
En réponse aux critiques, la SNCF Réseau a tenu à préciser que ces directives ne sont qu’une formalisation des pratiques déjà en vigueur et qu’elles permettent d’encadrer au mieux la sécurité sans perturber indûment le service. Ce débat souligne la nécessité croissante de concilier les impératifs opérationnels des transports publics avec des considérations éthiques envers les animaux, une question qui pourrait inspirer d’autres opérateurs à travers le monde.
Alors que la compagnie ferroviaire française pionnière dans la mise en place de ce nouveau protocole continue de susciter des discussions, cette décision ouvre un débat plus large sur le rôle des services publics en matière de protection et de respect de la vie animale. Une question cruciale qui devrait gagner en importance au fur et à mesure que la sensibilité pour la cause animale augmentera parmi le grand public.
En fin de compte, il est probable que cette approche proactive et attentionnée inspirera d’autres acteurs du secteur des transports à envisager des mesures similaires, permettant ainsi aux animaux de coexister harmonieusement avec les infrastructures modernes.