Un an après l’instauration de la réforme des retraites en 2023, la tension ne faiblit pas au sein de la société française. Ce lundi 14 avril, une enquête menée par l’Ifop pour la Confédération générale du Travail (CGT) a mis en lumière un rejet massif de la loi qui avait relevé l’âge légal de départ à 64 ans. En effet, selon les résultats de l’étude, une majorité écrasante de Français souhaitent un retour à l’âge de 62 ans. Cette opposition touche toutes les couches de la société et s’accompagne d’une demande forte pour l’organisation d’un référendum sur cette question cruciale.

Un soutien robuste pour un référendum

Le sondage révèle que 68 % des citoyens sont favorables à l’idée d’un référendum pour revoir la réforme des retraites. Ce chiffre monte à 73 % parmi les salariés et atteint même 83 % chez les ouvriers. Les sympathisants de gauche et d’extrême gauche expriment un soutien particulièrement fort pour cette démarche, espérant ainsi renverser une décision gouvernementale qui a été perçue comme étant imposée sans véritable concertation populaire.

Alors que les négociations entre les partenaires sociaux et le gouvernement piétinent, cette demande de consultation démocratique devient de plus en plus pressante. Les organisations syndicales, au premier rang desquelles la CGT, voient dans ces chiffres la légitimité d’une action suffisamment durable pour interpeller les décideurs politiques.

Un désir de retour à 62 ans

Par-delà la question de la méthode, c’est sur le fond que le mécontentement s’exprime avec force. D’après l’Ifop, 61 % des sondés estiment que l’âge légal de départ à la retraite devrait être ramené à 62 ans. À peine 34 % en faveur du maintien des 64 ans, et une infime minorité de 5 % prône un relèvement supplémentaire de cet âge.

L’impasse du « Conclave des retraites »

Les conclusions du sondage surviennent alors que le dialogue social, entamé sous le nom de « Conclave des retraites », est à l’arrêt. Depuis plusieurs semaines, les discussions n’ont débouché sur aucune solution tangible, laissant augurer une poursuite du bras de fer. Les syndicats reprochent au gouvernement un manque de vision et de courage politique pour repenser véritablement le système par répartition.

Dans ce contexte, la revendication d’un référendum apparaît comme un moyen de remettre les citoyens au centre des débats et d’assurer une légitimité démocratique renouvelée à une réforme qui engage l’avenir de tous.

Des propositions alternatives largement soutenues

Face à l’impopularité de cette réforme, les Français se prononcent aussi pour d’autres pistes de financement du système de retraite : 86 % d’entre eux plébiscitent l’égalité salariale entre les hommes et les femmes, 82 % appuient une taxation des dividendes, et 76 % soutiennent une hausse des cotisations patronales.

Ces propositions témoignent d’une volonté manifeste de garantir la pérennité du modèle social français en optant pour des réformes justes et solidaires plutôt que des coupes budgétaires ou des mesures impopulaires.

Refus de la retraite par capitalisation

Enfin, le sondage met aussi en lumière une attitude majoritairement négative envers la retraite par capitalisation. Seuls 29 % des Français font confiance à ce modèle alternatif, souvent perçu comme aléatoire et soumis aux fluctuations du marché financier. La méfiance est d’autant plus forte chez les ouvriers, avec 70 % d’opinions défavorables.

Cette défiance s’est accentuée dans le sillage des récentes pertes économiques de nombreux retraités américains, soulignant les risques d’un système indexé sur les marchés boursiers. Il en résulte une adhésion croissante au modèle de solidarité intergénérationnelle qui, bien qu’en crise, est vu comme le plus équitable.

C’est dans ce climat de défiance et de nécessité urgente de réforme que la question des retraites devrait continuer d’occuper une place centrale dans le débat politique, incitant potentiellement à un nouveau modèle de governance pour ce pilier fondamental du contrat social français.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *