La Mutualité française, sous la direction de son président Éric Chenut, envisage de revisiter le modèle de remboursement des soins intégrés au panier « 100 % santé ». Ce projet pourrait entraîner des modifications significatives dans la prise en charge des lunettes, des appareils auditifs et des soins dentaires. Lors de son entretien avec le quotidien économique français Les Échos, Éric Chenut a exprimé la nécessité de relier ce que les consommateurs dépensent avec le niveau de protection dont ils bénéficient.

Une réforme nécessaire selon le président de la Mutualité française

Éric Chenut a déclaré : « Il faut que les gens refassent le lien entre ce qu’ils payent et le niveau de protection. » Il affirme que seule une action sur la dynamique des dépenses de santé pourra rendre le système soutenable à long terme. Cette déclaration intervient dans un contexte de déficit croissant de la Sécurité sociale, amenant certains à s’interroger sur d’éventuelles réductions de la part des mutuelles.

La question du modèle actuel, dans lequel les mutuelles et l’Assurance maladie prennent en charge les soins essentiels comme prévu par le « 100 % santé », est actuellement en débat. Ce modèle, élargi sous initiative du président Emmanuel Macron en 2021, vise à améliorer l’accès aux soins pour tous, notamment via les garanties offertes par les contrats responsables.

Vers une redéfinition du panier « 100 % santé »

Plutôt que de recourir à une imposition accrue des mutuelles, une option que Chenut considère inadéquate, il propose de revoir le panier « 100 % santé ». L’idée est de concentrer le remboursement des mutuelles sur les soins de base, ce qui pourrait inclure des ajustements tels qu’allonger les délais de remplacement pour les lunettes et audioprothèses. Actuellement, un assuré peut se faire rembourser une paire de lunettes tous les deux ans, une période que la Mutualité française propose de porter à trois ans. De même, pour les appareils auditifs, le délai passerait de quatre à cinq ans.

Chenut souhaite également reconsidérer les garanties des contrats responsables pour se recentrer sur les soins essentiels, suggérant de ne plus couvrir certains produits comme les culottes menstruelles et de réduire le plafond de remboursement pour les montures de lunettes.

Impact économique et social

Ces mesures visent à générer des économies substantielles, estimées entre 20 % et 25 % par an pour les assurés. Cependant, l’impact potentiel sur l’accès aux soins pour certaines catégories de la population reste un sujet de préoccupation. Une telle approche pourrait en effet réduire la charge financière immédiate pour les mutuelles tout en impactant les dépenses personnelles des assurés sur le long terme.

Éric Chenut souligne cependant la nécessité de limiter les « soins redondants et inutiles » et appelle à une réflexion plus large sur la pertinence des soins médicaux en France. Il évoque notamment le secteur de l’optique, critiquant la prolifération des magasins d’optique en France, qui dépasserait la moyenne européenne.

Collaborer pour une meilleure efficacité des soins

La Mutualité française entend travailler de concert avec les professionnels de santé, les représentants des patients, ainsi que les pouvoirs publics, pour évaluer la pertinence des soins fournis. Cette collaboration vise à rationaliser les pratiques et à minimiser les fraudes dans le secteur de la santé, tout en préservant l’accès fondamental aux soins.

Ce débat autour de la redéfinition du panier « 100 % santé » et des pratiques de remboursement ouvre la voie à une réflexion sur la pérennité du système de santé français, à l’heure où les tensions budgétaires se font de plus en plus sentir. Le dialogue entre les différents acteurs du secteur sera crucial pour garantir que les soins demeurent accessibles et efficaces.

En fin de compte, la proposition d’Éric Chenut de réformer le modèle de remboursement des soins vise non seulement à optimiser le financement de la santé, mais aussi à garantir une meilleure adéquation entre dépenses assurantielles et niveau de protection offert, tout en assurant la continuité de l’accès universel aux soins médicaux en France.

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