La rentrée 2025 marque le début d’une initiative ambitieuse et controversée : l’instauration de tests physiques pour tous les élèves entrant en sixième. Annoncée conjointement par les ministères de l’Éducation nationale et des Sports, cette mesure vise à évaluer l’endurance, la rapidité et la force musculaire des écoliers dans le cadre de leur développement éducatif.
Un Programme Inspiré des Expérimentations Antérieures
L’idée n’est pas entièrement nouvelle. Une expérimentation menée à la rentrée 2024 a servi de prélude à cette initiative. Près de 4 000 élèves avaient alors déjà participé à ces évaluations, qui faisaient partie de l’héritage des Jeux Olympiques de Paris 2024. Les résultats ont révélé que 19 % des participants avaient des acquis physiques satisfaisants, tandis que 4 % nécessitaient un soutien supplémentaire.
Ces tests porteront sur des disciplines telles que l’endurance, la force musculaire, et cette année, le saut en longueur sera ajouté à l’épreuve de vitesse. La ministre de l’Éducation nationale, Élisabeth Borne, a souligné l’importance de ces compétences physiques, affirmant que « les élèves performants en sport tendent aussi à réussir académiquement ».
Objectif : Détecter et Soutenir les Élèves en Difficile
Bien que le programme soit généralisé, il reste non obligatoire, les établissements étant encouragés à y adhérer sur la base du volontariat. L’objectif principal est d’identifier et d’apporter un accompagnement rapide aux élèves rencontrant des difficultés physiques, évitant ainsi qu’elles ne nuisent à leur développement scolaire global.
Cette orientation soulève toutefois des inquiétudes chez les syndicats d’enseignants, qui y voient une dérive vers une approche plus concernée par la santé publique que par l’éducation physique traditionnelle. Coralie Benech, co-secrétaire générale du Snep-FSU, critique une possible redéfinition de l’éducation physique vers un enjeu principalement sanitaire, au détriment de son caractère culturel et sportif.
Des Inégalités Toujours Présentes
Les précédentes évaluations ont mis en lumière certaines disparités : les filles et les enfants issus de milieux socio-économiques défavorisés semblent particulièrement désavantagés. Selon Coralie Benech, cela reflète des différences présentes dès le primaire, liées aux pratiques sportives familiales. Elle regrette que le plan « 5 000 équipements – Génération 2024 », bien qu’ambitieux, ne parvienne pas à atténuer ces écarts, notamment parce que les équipements publics ne sont pas toujours accueillants pour les filles.
Un des enjeux majeurs est donc de renforcer à la fois la quantité et la qualité de l’éducation physique à l’école, afin de promouvoir une pratique sportive plus équitable et attractive pour tous les élèves. Benech appelle à une augmentation du temps consacré à l’éducation physique et à la consultation des syndicats pour calquer des programmes scolaires adaptés et inclusifs pour tous les profils d’élèves.
Vers une Collaboration Plus Étendue?
En dépit des critiques, les ministères entendent maintenir leur cap, tout en laissant aux établissements la liberté de choisir leur engagement. Le dialogue reste cependant ouvert, le ministère ayant exprimé sa volonté de travailler conjointement avec les enseignants et les divers acteurs éducatifs pour ajuster ce programme ambitieux.
La rentrée 2025 marquera donc un tournant potentiel dans la manière dont l’éducation physique est perçue et intégrée au parcours scolaire, avec l’espoir d’une intégration harmonieuse entre santé publique et apprentissage académique classique. Seul l’avenir dira si ce nouveau paradigme parviendra à équilibrer ces deux objectifs importants pour le bien-être et la réussite scolaire des élèves.