Le Pass Culture, une initiative lancée pour encourager l’accès des jeunes à la culture, pourrait bientôt subir des changements significatifs pour les moins de 17 ans. En raison de pressions budgétaires, Rachida Dati, ministre de la Culture, a laissé entendre que la part individuelle du dispositif destinée aux adolescents pourrait être retirée. Cette proposition intervient alors que le gouvernement cherche à optimaliser l’utilisation de ses ressources tout en ciblant les allocations là où elles sont le plus nécessaires.
Un projet en débat
Lors d’une intervention devant le Sénat, Rachida Dati a expliqué que sa volonté était de commencer l’octroi de la part individuelle du Pass Culture à partir de l’âge de 17 ans. Cette mesure, selon elle, permettrait de faciliter la transition vers l’âge adulte en augmentant progressivement le montant accordé, notamment pour les étudiants boursiers. « Nous voulons éviter une rupture entre 17 et 18 ans et offrir une part majorée pour ceux qui en ont le plus besoin », a-t-elle déclaré.
Pour l’heure, aucune décision ferme n’a été adoptée. Le cabinet de la ministre a d’ailleurs souligné que cette idée fait encore l’objet de discussions, notamment dans le cadre d’une récente évaluation budgétaire du Pass Culture. L’objectif est d’ajuster le dispositif aux défis économiques actuels tout en préservant son ambition première : mettre la culture à la portée de tous les jeunes.
Révisions potentielles des allocations
Parmi les pistes envisagées, la révision des montants attribués en fonction des différents âges. Actuellement, les jeunes âgés de 15 à 17 ans bénéficient d’une somme allant de 20 à 30 euros par an. Un montant jugé insuffisant pour développer un véritable intérêt culturel dans certains milieux, mais qui pourrait être revalorisé en ciblant mieux les bénéficiaires dès 17 ans.
Le ministère de la Culture explore également des moyens d’intégrer une majoration plus significative pour les jeunes bénéficiant de bourses, afin de pallier certaines inégalités d’accès à la culture.
Retour sur le dispositif initial
Mis en place sous l’impulsion d’Emmanuel Macron en 2019, le Pass Culture visait à faciliter l’accès des jeunes à un large éventail de biens et services culturels. Originellement réservé aux majeurs de 18 ans, le Pass a été élargi aux adolescents de 15 à 17 ans en 2022, permettant à ces derniers d’accéder à des livres, des cours de musique ou encore des places de cinéma, afin de stimuler leur curiosité et leur passion pour la culture.
Les allocations étaient réparties comme suit : 20 euros à 15 ans, 30 euros à 16 ans, et 30 euros à 17 ans, avec un bond à 300 euros à 18 ans. Cependant, malgré son adoption massive avec 84 % de participation chez les 18 ans, le dispositif ne semble pas avoir atteint pleinement ses objectifs de démocratisation décrits initialement. Un rapport publié par la Cour des comptes en décembre 2024 a mis en exergue ces lacunes, soulignant un échec à réduire les inégalités culturelles.
Le gel du budget collectif
En parallèle des discussions autour de la part individuelle, le volet collectif du Pass Culture, introduit en 2022, n’est pas non plus exempt de critiques. Initialement destiné à financer des projets culturels dans les établissements scolaires, ce budget a été récemment gelé jusqu’à la fin de l’année scolaire, vecteur d’une vive réaction des enseignants et acteurs culturels. Cette décision s’inscrit dans une stratégie de gestion budgétaire visant à garantir le financement des projets validés entre septembre et décembre 2025.
Malgré le succès relatif de certaines initiatives en milieu scolaire, le gel pourrait nuire à la dynamique instaurée dans les collèges et lycées, laissant planer des incertitudes sur l’avenir de ce financement collectif.
Les enjeux et perspectives du Pass Culture
Alors que le débat public autour de l’efficacité du Pass Culture se poursuit, plusieurs questions restent en suspens quant à la direction future du programme. Les réformes envisagées devront prendre en compte les critiques concernant son impact limité sur certaines catégories de jeunes, tout en réfléchissant à des façons innovantes d’atteindre une plus large audience.
L’une des solutions envisagées pourrait être de renforcer le lien entre les besoins éducatifs des jeunes et l’offre culturelle proposée. Effectivement, orienter le Pass vers des projets pédagogiques correspondants aux intérêts réels des bénéficiaires pourrait peut-être permettre d’en maximiser l’impact.
En conclusion, si le Pass Culture représente une avancée indéniable dans l’accès à la culture, ses évolutions prochaines détermineront sa capacité à véritablement changer les habitudes culturelles de la jeunesse. Les éventuelles révisions devront s’assurer que ses bénéfices soient réellement accessibles à ceux qui en ont le plus besoin et qu’elles soient adaptées aux contraintes économiques contemporaines.